Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

& MONSIEUR MILET » 161 d'armes dont il avait mission d'accélérer le départ!. Comment, à son retour en Bretagne, fit-il accepter le piteux état de sa mission ? Quel mensonge servit d’excuse à l'échec vclontaire de sa diplomatie? On ne le sait pas: peut-être le mauvais effet de son ambassade se perdit-il dans la consternation que causaient aux affiliés les nouvelles de VEst. La coalition venait d'être battue en Argonne et les bruits les plus pessimistes commençaient à circuler sur le désastre et la misère des émigrés.

La singularité des événements qui se passaient alors en Champagne en a fait longtemps un problème historique, même pour ceux qui y ont coopéré?. L'armée prussienne, victorieuse, maitresse de nos places fortes, s'arrêtant tout à coup comme elfarée et reculant lorsqu'elle est sûre de vaincre; nos généraux prenant l'engagement de ne pas inquiéter sa retraite, voilà des faits si

1. « J'avais, à mon premier voyage à Jersey, au mois de seplembre dernier, fait mettre par le sous-gouverneur de l'ile l'embargo sur 41.800 fusils, 6 pièces de canon avec leurs affûts, 4.000 gargousses, 4.000 boulets et 10.000 cartouches achetés par Calonne et destinés à la conjuration de Bretagne. » Compte rendu par Chévetel, 24 janvier 1793. — Archives nationales, W, 274.

2. Voir Dumouriez, Mémoires.

3. « Kersaint, arrivant de Sedan, disait au conseil des ministres : il est aussi impossible que, dans quinze jours, Brunswick ne soit pas à Paris, qu'il l'est que le coin n'entre pas dans la büche quand on frappe dessus. » Louis Blanc, Histoire de la Révolution,

liv. VIT, chap. nr. 4. Louis Blanc, Histoire de la Révolution, liv. VIN, chap. 11.

1