Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 173 la recommandation de Fabre d'Églantine!, on lui adjoignit Lalligand dit Morillon?, qui déjà avait rendu, en Provence, d'importants services du même genre : son principal titre de gloire était d'avoir livré Monnier de la Carré et ses nombreux complices”.

Jamais l'imagination d'un romancier n’est parvenue à créer figures'aussi répugnantes et aussi tranchées que celle des deux personnages qui vant, désormais, occuper la première place dans notre récit. Chévetelet Lalligand, égaux dans l’abjection, avaient de la trahison une conception toute différente : le premier mettant un masque et des gants pour se vautrer dans la boue, travaillant sous un nom supposé, sournois, mielleux, poltron, n'ayant que le courage du baiser de Judas, cachant, même à ceux qui le paient, ses moyens d'action et son but; le second cynique et vantard, fier de son rôle, exaltant les services qu'il rend, recevant l'argent de toutes les mains, vendant aux gens leur propre iète, jouant au diplomale, au général, au philan-

et Morillon au Ministre de la Justice pour donner des ordres qui ne peuvent pas être retardés. Pour copie conforme à la minute : Le Ministre de lu Justice,

Archives nationales, W, 274. DAxToN.

1. Récit de Chévetel.

2. Né à Autun en 1759.

3. Lettre de Lalligand du 5 mai 1793. — Archives nationales, F7, 4760.