Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

178 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Paris!. Lalligand ne cachait pas, du reste, que, dans cette affaire il avait couru « plusieurs dangers ».

Il parvint enfin à joindre Chévelel : celui-ci avait passé quatre jours entiers à la Fosse-Hingant, au milieu des chefs de la conjuration : il avait assisté à leurs entretiens; lui présent, un envoyé de la municipalité de Saint-Servan s'était présenté chez Desilles, annonçant que deux commissaires du pouvoir exécutif étaient arrivés de Paris. Cette nouvelle avait été reçue froidement : tout projet d'insurrection étant définitivement renvoyé au mois de mars prochain, rien, jusqu'à cette époque, ne pouvait prêter au soupcon dans la conduite des conjurés. Il y avait eu, il est vrai, quelques mouvements locaux : certains villages de la lisière du Maine avaient pris les armes; mais la garde nationale de Laval s'était employée avec zèle à repousser les paysans et avait fait un nombre considérable de prisonniers. L'ordre du marquis était done d'attendre une occasion plus favorable, et il avait décidé d'envoyer aux Princes deux de ses amis les plus sûrs pour réclamer de nouveaux

1. « Laval, 6 janvier 1593 — Il a dù partir de Saint-Malo un prisonnier nommé Henry, aubergiste à Saint-Servan.. convaincu par un arrangement signé respectivement par lui et un Francais, qui, d'après le rapport qui m'a été fait, me parait avoir joué le rôle d'émigré pour lui arracher son secret. » — Archives nalionales, W, 214.