Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 177

Cadenne alla porter la nouvelle aux municipaux, qui promirent d’être discrets et qui tinrent parole pendant quelques heures !.

Cependant, Chévetel, confiné à la Fosse-Hingant, ne donnait pas signe de vie, et Lalligand perdait patience. Pour s’entretenir la main, il imagina d'approfondir un peu le patriotisme de son hôte : il manda Henry à sa chambre, et, d’un air de grand mystère, lui confia qu’il était lui, Lalligand, compromis dans diverses intrigues contre-révolutionnaires et qu'il avait grande hâte de passer à l'étranger. Le pauvre aubergiste, sans méfiance, ne fit aucune difficulté d'avouer qu'il s'était déjà employé. à faciliter l’émigration de bien des cidevant dans l'embarras, qu'il s’engageait à lui procurer le passage pour l'île de Jersey, avec laquelle il était en relations constantes, se chargeant des commissions des réfugiés, de l’expédition de leur correspondance et de leurs envois d'argent. L'’espion « feignit d’accepter l'offre, fit signer à Henry la promesse de la réaliser ? », et envoya l'écrit au Comité de Sûreté générale, en se vantant d’avoir, dès son début, « découvert un des principaux agents des rebelles ». L’aubergiste fut arrêté et expédié, sous bonne garde, à

1. Premier Compte Rendu par Morillon. — Archives nationales, W, 274

; 274.

2. Idem.