Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

136 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

le marquis, se passant du consentement de ses amis, ne donnât le signal de l'insurrection et ne prit seul le commandement de ses légions.

Le 9, Chévetel arrivait à Saint-Malo et se faisaitimmédiatement conduire chez ses amis Desilles à la Fosse-Hingant. Le même jour, Lalligand dont la voiture suivait de près celle de son compère, descendait à Saint-Servan, à l'hôtel du Pélican !, où, avec Burthe,ils’installa confortablement, chose si rare en ce temps de misère que, dès Le premicr soir, l’hôtelier Henry conçut des soupçons : des voyageurs faisant tant d'embarras et se donnant de si grands airs ne pouvaient être que des cidevant : le brave homme prévint la municipalité.

La gendarmerie de Saint-Servan était alors commandée par ce lieutenant Cadenne, que nous avons vu déjà accompagnant Hévin et Varin, lors des perquisitions opérées au château de la Rouërie. C'élait un officier honnète, esclave de la discipline : il se présenta au Pélican, requit la présentation des passeports, et Lalligand, après les lui avoir montrés, ne put se tenir de lui apprendre, sous le sceau du secret, qu'il était commissaire extraordinaire de la Convention nationale et qu'ils auraient à travailler ensemble.

1. L'hôtel existe encore.