Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 175

de la Révolution, et, pensant faire oublier son passé, se prononça hautement pour la Cour; se donna le luxe d’émigrer, reparut à Paris pour offrir au Comité de Défense générale d'enlever les deux fils du comte d’Artois, fut agréé dès le 10 août, servit d’espion à tout le mondeï, et se trouva juste à point pour profiter de l’aubaine que lui valaient l'amitié et l'estime de Fabre d'Églantine. Il accepta avec reconnaissance, jugeant qu'il y aurait en Bretagne de l'argent à gagner. D'ailleurs il était bien vu du nouveau régime, étant le cousin du conventionnel Bazire, parenté dont il se montrait fier ?.

Chévetel et Lalligand quittèrent Paris le 7 octobre*, voyageant isolément : ce dernier faisait route avec un camarade, nommé Burthe ‘, homme à tout faire, qu'il emmenait comme officieux. A n'y avait pas une heure à perdre, car, bien que la date du 40, proposée par la Rouërie pour un soulèvement général, eût été repoussée par les commissaires de l'association, il était à craindre que

1. Voir Revue rétrospective, juillet-décembre 1889.

2. Archives nationales, W, 409. Récit de Chévetel. — Chassin, Préparation à la guerre de Vendée, etc.

3. Premier compte rendu par Morillon. — Archives nationales, MW, 274.

4. Nous n'avons pu recueillir aucun détail biographique sur ce personnage, qui, à en juger par la besogne que lui imposa Lalligand, devait être lié à lui par quelque antécédent resté mystérieux .