Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

180 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Lalligand n'avait plus qu'à rentrer à Paris; mais son retour eût ressemblé à un échec, et il tenait à se rendre important. Que faire cependant à Saint-Servan? Chévetel lui avait bien recommandé de se tenir coi, dans la crainte de le compromettre, et l’ancien faux-monnayeur se désolait de ne pouvoir mettre à profit les confidences de son associé : celle qui l'avait plus particulièrement alléché concernait une « fille du pays, agent zélée de la Rouërie!, chez qui était déposée une forte somme en faux assignats. Lalligand désirait vivement s'assurer par lui-même de la valeur de ces papiers ; il fit mème une tentative dans ce sens, mais il lui fallut agir avec trop de ménagements, et l’entreprise échoua ?.

Il reprit donc à petites journées, et accompagné de Burthe, le chemin de Paris, cherchant quelque bon coup à faire en route. Tous deux, arrivés à Laval, « furent arrêtés par la garde et conduits à la municipalité ». L’espion, obligé de se faire connaître, se confia « à un excellent patriote, G... S.…., qui lui témoigna une crainte extrème des aristocrates », dont les bandes parcouraient le pays, et se lamenta « de n’avoir aucun

1. Très probablement Thérèse de Moëlien.

2. Premier Compte Rendu, par Morillon. — Archives nationales, W, 274. 3. Il quitta Saint-Servan le 15 octobre. — Archives nationales,

W, 274.