Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

190 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

bénélicièrent de l'estime que son ardeur royaliste inspirait à tous : Chévetel apprit là que Calonne avait quilté, à Verdun même, le comte d'Artois et qu'il se trouvait à Londres, fort occupé à faire patienter ses créanciers dont l’âpreté lui causait de grands embarras.

Parvenu à Londres, Chévetel se logea à /'Ours-

pour rien dans toutes ses entreprises) qu'il fallait tourner toutes ses vues du côté de la Bretagne et de la Normandie.

«2° De lui répondre d'une Compagnie hollandaise avec laquelle Calogne s'était arrangé pour avoir des bâtiments de transport ;

« 3° Enfin de montrer la facilité de conserver le Clospoulet, d'y pouvoir subsister et de s'y défendre en cas d'un échec, étant sûr d'avoir Saint-Malo, Cancale et le fort du Châteauneuf aussitôt qu'on le voudrait.

« Calogne avait au moins pour un milliard et demi de faux papiers, et il cherchait alors les moyens d'en faire circuler en France par deux motifs : c’est d'abord qu'il payerait avec les agitateurs intérieurs, et il ne me dissimula pas qu'il en avait à sa sulde par tout le royaume, surtout à Paris et en Normandie, et qu'en second lieu cette fausse monnaie se pr'opaigeant il en résulterait un discrédit de celle de l'Etat. Arrivé à Liège et ayant communiqué au comte d'Artois le projet que nous étions chargés de lui remettre, il nous dit qu'il ne pouvait rien déterminer avant l’arrivée de Calogne, et il ne nous dissimula pas l'état précaire où était son parti. 11 envoya le comte de la Palissse à Londres pour hâter l’arrivée de Calogne. Ce fut dans cette intervalle (sic) que j'eus lieu de me convaincre par mes propres yeux chez le vicomte de Vaudreuil que Favras n'était pas mort; je nr'étais aussi procuré à cette époque l’état des cantonnements et la liste des émigrés. Je l’adressai dans le temps avec quelques renseignements et quelques détails au ministre Danton.

«Je fus averti au bout de quinze jours que je pouvais me présenter de nouveau chez le comte d'Artois, et ce fut de lui que J'appris qu'il attendait en vain Calogne, arrêté à Londres par ses créanciers. Enfin ilme dit qu'il admettait le plan proposé, mais... c'est à vous, Monsieur, de décider dans votre sagesse ce que vous croyez ulile et convenable de faire.

« l'aris, le 24 janvier 1793, « CHÉVETEL. »