Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 189

A Douvres, les émigrés bretons firent fète à

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Chévetel et à Fontevieux : la popularité du marquis de la Rouërie était grande; on connaissait ses projets, on les approuvait, et ses amis

et auprès du Ministère anglais, qui leur accorde une protection spéciale.

4 J'avais à mon premier voyage à Jersey, au mois de septembre dernier, fait mettre par le sous-gouverneur de l'ile, l'embargo sur 1.800 fusils, 6 pièces de canons avec leurs afüts, 4.000 gargousses, 4.000 boulets et 10.000 cartouches achetés par Calogne (sic) et destinés pour la conjuration de Bretagne. J'ai su du sieur de Bothrel lui-même qu'il avait fait un voyage exprès à Londres et qu'il avait obtenu main-levée de l'opposition du sousgouverneur, de sorte qu'aujourd'hui ces armes se trouvent à leur disposition dans un magasin de Saint-Hélier. Ils ont aussi 8 bateaux de débarquement et 2 petits bâtiments de 200 tonneaux. Bothrel me chargea de dire aux Princes qu'il était parvenu à s'assurer près de 800 hommes tant matelots que soldats, pour tenter avec lui et les autres émigrés de se joindre aux mécontents de Bretagne, sitôt qu'il en aurait l’ordre.

« Notre Révolution n'a pas séduit les habitants de l'ile ; en cas de guerre on les verra appuyer les projets que pourront former les réfugiés pour piller nos côtes. Il existe dans l'île une manufacture de faux assignats ; c'est un fait que je tiens d'un des chefs de l’entreprise.

« Les rochers de Chaussée loués à un nommé Pimort de Granville servent d'entrepôt à tous les réfugiés et aux exportateurs de grains.

« Rendu à Londres, je trouvai M. de Caloyne, qui, sur mes lettres de créance, ne fit aucune difficulté de s'ouvrir à moi sur ses plans. La retraite des armées combinées ont changé les projets; on fit passer un courrier porteur d'une lettre de Calogne à M. Rouëry, dans laquelle on lui disait qu'il fallait différer de se montrer et qu'on agirait en grand pour la Bretagne dans le mois de mars.

« Le résultat des entrevues que nous eûmes avec Calogne fut que nous irions joindre immédiatement les princes ; lui-même devait nous suivre de près, mais les affaires particulières qui lui survinrent l'en ayant empêché, voici ce qui fut arrêté et dont nous fûmes chargés :

« l° Annoncer au comte d'Artois (car Monsieur n’est compté