Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

198 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

nationaux de la ville, qui accompagnaient en armes leurs magistrats. L’animosité était grande de partet d'autre, lorsqu'un homme sortit de la foule : c'était Jean Chouan.

— Quand le roi, cria-t-il, demandera que nous prenions les armes, nous marcherons tous, je réponds pour tous ; mais, s’il faut partir pour ce que vous appelez la liberté, vous qui la voulez, allez-vous battre pour elle! Quant à nous, nous sommes fous au roi, rien qu'au roi.

Cette profession de foi catégorique eut le plus grand succès. « Oui, tous au roi! » répondirent d’une seule voix les paysans ; en un instant les commissaires, l'intrus, les gendarmes, les Patauds furent poussés, culbutés, roués de coups, chassés : du village et reprirent piteusement la route de Laval!. |

Le soir même, Jean Chouan rassembla les jeunes gens qui l'avaient soutenu : il leur apprit les projets du marquis de la Rouërie et que la contrerévolution était proche :

— Sous peu de jours, dit-il, la Bretagne aura pris les armes et viendra à notre aide; montrons aux Bretons que les Maïniaux? n'ont pas peur.

1. Souvenirs de la Chouannerie, par J. Duchemin des Cépeaux.

2, Saint-Ouen-des-Toits est situé dans le Bas-Maine, près du château de Launay-Villiers, où le marquis de la Rouërie avait vécu pendant trois mois.