Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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Déjà nos /étes blanches ont chassé un intrus, c’est à nous à ramener les bons prêtres !.

Et, dès ce jour, on vit, courant la contrée, à la brume, des petites bandes de paysans, guettant les patrouilles de bleus, s’embusquant dans les haies, houspillant les patriotes. Ils allaient, vêtus de la 4zelle, sorte de veste de couleur sombre, la braie de berlinge noire ouverte aux genoux, laissant le jarret nu et libre; des guêtres de cuir défendaient leurs jambes contre les broussailles et les ajoncs ; un épais bonnet de laine ou un chapeau à grands bords couvrait leurs longs cheveux. Tous étaient armés : au-dessus de leur épaule la lame d’une faux ou le canon d’un fusil pointait ; quelques-uns portaient la /erte, long bâton servant d'appui pour franchir les haies et Les fossés. Leur agilité tenait du prodige ; ni broussaille, ni barrière n’arrêtait un instant leur course ; le premier sobriquet qu'ils reçurent fut celui de bande d'oiseaux?. Is avaient adopté, pour s'appeler, un sifflement particulier qu'on peut orthographier io, et qui ressemblait assez au cri du chat-huant.

Au cours de cet automne de 1792, une dénonciation parvenue au directoire de Laval signalait Launay-Villiers comme un repaire de conspira-. teurs. Les gardes nationales de la Baconnière,

1. Souvenirs de la Chouannerie, par J. Duchemin des Cépeaux. 2. Souvenirs de la Chouannerie, par J. Duchemin des Cépeaux.