Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

206 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

de cet homme étrange, la tenace ardeur qu'il apportait à l’accomplissement de son œuvre, et plus encore, peut-être, l'habileté avec laquelle, en véritable Protée, il déjouait toutes Les poursuites, ont laissé dans cette partie de la Bretagne des souvenirs quele temps n’a pas effacés. Les circonslances romanesques du drame qui termina sa destinée n’ont pas peu contribué à son renom légendaire. Le 12 janvier 1793, vers une heure du matin, les chiens de la Guyomarais se mirent à aboyer furieusement. M. de la Guyomarais ouvrit la fenêtre de la grande chambre du premier étage qu'il occupait avec sa femme; la nuit était sombre et pluvieuse! : il vit dans la cour du château, qu'aucune clôture ne fermait à cette époque?, trois cavaliers tenant leurs chevaux par la bride.

— C'est moi, Gasselin ! cria l’un d'eux.

M. de la Guyomarais reconnut la voix du marquis : il se hâta de se vêtir, tandis que les domestiques David et Robin qui couchaient dans la cuisine, réveillés par le bruit, ouvraient la porte sur l’ordre de leur maitre et conduisaient les

dans une propriété particulière, et qui servit, dit-on, de refuge à la Rouërie.

1. Souvenirs de 1193, par Casimir de la Guyomarais.

2. La grille qui existe aujourd'hui est de construction récente.