Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 207 chevaux à l'écurie, après avoir détaché de la selle du marquis une petite valise de cuir noir et sorti des arçons deux pistolets à deux coups.

La Rouërie et ses compagnons, qui n'étaient autres que F ricandeau ? et Saint-Pierre, entrèrent dans la maison. Le marquis était couvert d’un vieux chapeau, vêtu d’une veste ouverte sur un gilet à large ceinture et chaussé de bottes fines ; sa barbe noire était longue ; il était trempé, couvert de boue et tout meurtri; son front portait une large ecchymose.

Il serra les mains de M. de la Guyomarais, s'excusa de faire de nouveau appel à son dévouement; lui dit que, se rendant à Quessoy près de Montcontour, il s'était vu refuser la porte d’une maison amie, où il avait espéré passer la nuit. Comme il avait pris à travers la lande pour gagner la Hunaudaye où il comptait se reposer dans quelque hutte de bûcheron, son cheval s'était abattu et avait roulé avec lui dans un fossé boueux.

M. de la Guyomarais conduisit le marquis à une chambre du premier étage, voisine de celle qu'il

1. Enquête de René Petithon, juge de paix du canton de Plédéliac, 25 février 1193. — Archives nationales, W, 274.

2. Nous avons indiqué déjà que ce sobriquet désignait Loisel, secrétaire du marquis.

3. Enquête de René Petitbon.

4. Le marquis venait, sans doute, de la Fosse-Hingant, car on sut qu'il avait passé les deux nuits précédentes à la Baronnais, près de Dinard, et à la Pichardais, aux environs de Trégon.