Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

232 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Le lendemain, Burthe annonça à Lalligand que la municipalité de Saint-Malo venait d'être secrètement avertie de l’arrivée, chez Dubuat, d’un inconnu suspect qu’on soupçonnait être le marquis de la Rouërie. Le lieutenant Cadenne s'était porté sur la Toulenais avec un escadron de gendarmes. Dubuat et sa femme « n'avaient pu dissimuler l’effroi que jusque-là, dans différentes perquisitions, ils n'avaient pas laissé entrevoir !. » Cadenne, les sommant de « représenter » la Rouërie, ils affirmèrent ne l'avoir point vu, mais ne firent pas difficulté d’avouer que Thérèse de Moëlien venait de quitter la maison « avec quelques particuliers indifférents à la chose ».

Le 18, à sept heures du matin, Burthe se mit en campagne : il s'agissait de découvrir Chévetel pour lui faire part de l'incident : mais le docteur resta introuvable, et Lalligand commençait à s'inquiéter de sa disparition, quand, le même jour, on lui annonça, au Pélican, un visiteur mystérieux qui refusait de donner son nom : c'était Chévetel en personne, porteur d'intéressantes nouvelles : « Depuis deux jours il vivait chez Dubuat au milieu des conjurés ; l'inconnu, dont l’arrivée avait été signalée à la municipalité malouine, c'était luimême ; Fontevieux, fixé à Paris, entretenait des

1. Lettre de Lalligand-Morillon au Ministre. — Même dossier.