Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 233

relations avec le conventionnel Gamon, qui paraissait acquis au parti de laconjuration; Loisel, muni d'importantes dépèches à l'adresse des Princes, devait s’embarquer, le soir même, au port du Lapin ! : il fallait, à tout prix, empêcher son départ et s'emparer de ses papiers... » Chévetel ajouta que quarante-huit heures ne se passeraient pas sans que Lalligand apprît « de grandes choses » ; il n’en voulut pas dire davantage et se retira. Heureux de faire preuve « de son zèle patriotique », Lalligand prévint le lieutenant Cadenne et le fidèle Burthe : avec un peloton de gendarmes ils allèrent s’embusquer au port du Lapin: la nuit était froide et noire, pas un bateau ne se montra, et Loisel ne parut point. Très vexé de l’insuccès de cette expédition « périlleuse et parfaitement conduite », Lalligand se prit à réfléchir: les choses lui paraissaient troubles. Admettant à l'honneur de son conseil Cadenne et Burthe, il leur fit part des pénibles impressions que lui causait la conduite de Chévetel: Cadenne, avec la traditionnelle franchise du soldat, répondit qu’à son avis la duplicité du personnage n'était pas douteuse : Burthe opina dans le même sens : d’un commun accord tous trois décidèrent qu'il fallait s'assurer, tout d’abord, de la présence du docteur

1. Le port du Lapin, ou Lupin.