Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 239

lieux. L'espion cria bien haut qu'il lui fallait le eitoyen la Rouërie, mort ou vif, demanda à chacun son nom, parcouru la maison, les écuries, la ferme et les alentours. Il ne tira, du reste, de cette rapide enquête, aucun renseignement : maitres et serviteurs semblaient absolument de bonne foi et assuraientn’avoir jamais eu connaissance de l’existence du proscrit !. Lalligand ne se troubla point : il n’en était qu’au prélude de ses opérations ; dès la nuit il avait expédié sur les routes des estafettes chargées de lui amener le juge de paix du canton de Plédéliac, le médecin Taburet et le chirurgien Morel : ilattendait ce renfort avant d’instrumenter. A une heure de l'après-midi, arrivait le juge de paix accompagné de Taburet, que les gendarmes avaient enlevé dela chambre d’une malade à SaintDenoual?. Ce juge s'appelait Petitbon ; il se piquait de littérature, citait volontiers des petits vers et était certainement d’un caractère jovial, car, bien que les circonstances y prêtassent peu, il trouva l’occasion de placer quelques plaisanteries. Il se mit, pour Lalligand, en frais d’amabilité,

1. Lettre de Petithon, juge de paix du canton de Plédéliac. Archives nationales, W, 275.

2. Idem. « Sachant que le D‘ Taburet était dans une maison voisine, donnant des soins à la dame Francoise de Font-Lebon, un gendarme se détacha, le captura, l’'emmena chez moi. Le temps pressaif, nous mangeâmes tous quatre debout, comme les ISraélites au temps de Pâques, montâmes à cheval et nous rendîimes à la Guyomarais. »