Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

238 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

à la municipalité, exhiba ses pouvoirs, requit l’assistance de la force armée, composa sa troupe de toute la brigade de gendarmerie et d’un détachement de la garde nationale !, en prit le commandement, et, escorté d’un guide, se dirigea en pleine nuit vers le château de la Guyomarais. Il y arriva au petit jour?.

La cour, la ferme, les avenues furent en un instant remplies de soldats. Lalligand, plein de son importance et parlant en maitre, vint frapper à la porte du vestibule, sommant d'ouvrir au nom de la loi. Tous les habitants, réveillés en sursaut, couraient par la maison, s’appelant, effarés ; mais l’espion eut vite mis un terme à ce désordre: à chaque porteintérieure, devant chaque fenêtre de rez-de-chaussée, il posta un de ses hommes en sentinelle, fit occuper par un peloton le potager, en plaça un autre dans le petit bois el défendit qu'on laissât les habitants du château « communiquer entre eux autrement qu'à vue? ».

La matinée se passa à reconnaître les gens et les

1. Procès-verbal de René Petitbon, juge de paix du canton de Plédéliac. — Archives nationales, W, 274.

2. Souvenir de Casimir de la CyeeEe

3. Lettre de Petitbon, 18 mars 1793. Archives nationales, W, 2175. — J'ignore à qui le juge de paix adressait cette lettre écrite trois semaines environ après les événements : c'est un récit intime et familier des trois journées passées à la Guyomarais, et Petitbon y a donné bien des détails pittoresques qui n'avaient pu prendre place dans ses procès-verbaux.