Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 231

bocal; quand la terre fut ramenée, ils prirent la précaution de repiquer un rosier sur la place !. Cette besogne terminée, Chévetel, sous un prétexte, poussa jusqu’à Saint-Servan, afin de donner à Lalligand ses instructions détaillées? : cette fois ilne lui cacha rien, lui indiqua la marche à suivre: « Aller à la Guyomarais, enivrer Perrin, le faire parler, exhumer le corps du marquis, emprisonner tout le monde; puis revenir en hâte à la FosseHingant, saisir le bocal, dont il indiqua minutieusement l'emplacement exact, mettreen état d’arrestation la famille Desilles et Chévetel lui-même, car le misérable tenait à son honneur! Tel était le plan. Tout étant convenu, le traître regagna _placidement la Fosse-Hingant, soupa avec ses amis, passa la soirée avec eux et s’endormit tranquillement sous leur toit. Il n'avait pas perdu sa journée : en quelques heures il venait de donner vingt têtes au bourreau.

* x x

Lalligand quitta Saint-Servan le lendemain, 24 février ; le soir même, il arrivait à Lamballe. Son inséparable Burthe l’accompagnait. Il se rendit

1. Note écrite en 1812 par un membre de la famille Desilles. 2. Lettre de Lalligand à Isabeau. « Saïnt-Servan, 23 février 1193. » — Archives du Département des Affaires étrangères, 1409,