Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
236 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE
— Le précepteur la Chauvinais et le jardinier Perrin ont creusé une fosse à l'écart, et les restes de Monsieur le marquis y ont été enfouis.
— Dans quel endroit ?
— de ne le sais pas et n’aimême pas voulu m'en informer, n'ayant pas eu le courage de prendre part à l'inhumation de mon maître.
— Alors nous pourrons être tranquilles, observa Chévetel, la Convention ne saura pas en quel endroit repose notre ami: la Chauvinais et Perrin sont des témoins qui ne nous trahiront pas.
— Hélas! Monsieur, je suis sûr du précepteur ; mais, si on faisait boire Perrin, J'aurais peur qu'il ne dit tout ce qu'il sait !,
Chévetel, imposant silence à sa douleur, fit comprendre à Desilles qu'il importait, avant toute chose, de soustraire les papiers du marquis de la Rouërie: on ne pouvait cependant songer à les détruire, car, pour avoir perdu son chef, l’association bretonne n’était pas dissoute: pêle-mêle, lettres des Princes, reçus d'argent, commissions en blanc, instructions aux comités d'insurrection, furent mis dans un bocal qu'on boucha hermétiquement ; Chévetel aida Desilles à l’enfouir dans le jardin : ils creusèrent un trou profond dans le sixième carré du parterre et y déposèrent le
1. Souvenirs de Casimir de la Guyomarais.