Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 235

_ Au Ministère, du reste, on s'émouvait assez peu de ces lettres : tout ce qu'écrivait Lalligand, ainsi que la copie des réponses qu'on lui adressait, était expédié à Sicard! ; ainsi tenu au courant, celui-ci pouvait exercer sur les deux compères une surveillance efficace; nous ignorons par qui Sicard, à son tour, était espionné.

Lalligand calomniait Chévetel : celui-ci trahissait ses amis en toute honnôteté; il s'était fixé chez Desilles, à la Fosse-Hingant : là encore il passait pour l'ami dévoué, sûr et de bon conseil. Dès son arrivée, Desilles lui apprit la mort du marquis: le docteur, jouant la comédie du désespoir, voulut interroger lui-même Saint-Pierre, qui, après avoir remis à Desilles les papiers et l'argent apportés de la Guyomarais, était resté à la Fosse-Hingant.

Il le questionne en grands détails sur l’agonie du marquis, sur ses derniers moments, sur l’inhumation?, s’informant surtout du nom des personnes qui l'ont soigné. Saint-Pierre, en sanglo-

tant, raconte tout ce qu'il sait, tout ce qu'il a vu.

— Où donc a été déposé le corps?

1. Lettre d'Isabeau, premier commis des Affaires étrangères, au citoyen Sicard, à Laval, poste restante. « Voici, mon cher ami, deux lettres qui doivent te donner non de l'inquiétude, mais de la surveillance. Je joins aux lettres des agents la réponse

_ que je fais à l'un d'eux, de cette manière tu te trouveras abso-

lument au courant. » — Archives du Département des Affaires étrangères, 1409. 2. Journal de Rennes, 1847.