Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 241

tination et la méticulosité d’un homme ivre. Il commence par déclarer qu'il ne peut donner le signalement « du quidam soupçonné d’être le marquis de la Rouërie, attendu que, le sachant malade, il a eu de la répugnance à l’examiner de près. » Il l'a vu mort dans la chambre du premier étage, mais «il n’a prêté aucune attention à sa figure ».

Lalligand, qui soignait sa mise en scène, invita immédiatement Petitbon à quitter le salon et à le suivre à l'étage supérieur : il installa le juge dans la pièce où était mort le proscrit et, persuadé que ce décor influerait sur la suite des interrogatoires, il ordonna de poursuivre l’enquête. Là, en effet, Perrin devint loquace : il indiqua le lit à rideaux où le marquis avait rendu le dernier soupir, l’autre lit où couchait Saint-Pierre ; expliqua que, s'il était entré dans la chambre, c'était sur l’ordre de M. de la Guyomarais et pour aider le domestique de l'inconnu à porter le corps hors du château ; il raconta ensuite l’inhumation, n'omettantaucune circonstance, ni le concours prêté par le précepteur, ni les recommandations qu'on lui adressa de garder sur ces faits le plus profond silence; mais il se défendit de pouvoir reconnaître l'endroit où la tombe avait été creusée : il était près de neuf heures du soir quand il cessa de parler. 16