Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

242 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Interrompant alors la procédure, Lalligand, de crainte qu'à la faveur de la nuit on fit disparaitre quelque pièce à conviction, ordonna d’apposer les scellés sur diverses armoires, entre autres sur les immenses placards qui garnissent le fond de la grande chambre où couchaient M. et M°*° de la Guyomarais. Cette opération dura près d’une heure.

À dix heures, comparut le chirurgien Morel : Petitbon, durant trois longues heures, le tint sur la sellette, le pressant de questions, entrant dans d'infimes détails sur le traitement appliqué au malade, les soins dont il était l'objet, les personnes qui le servaient. Morel parvint à ne rien répondre de compromettant: « Je crois. je ne sais pas. peut-être. » voilà tout ce que le juge put tirer de lui.

Mais, au cours de cette interminable nuit, quelle dut être l'angoisse des la Guyomarais : gardés à vue par des soldals, ils se voyaient et ne pouvaient se parler ; on s’imagine, chaque fois que la voix d’un gendarme appelait, du haut de l'escalier, un nouveau témoin, l'émotion qui devait étreindre ce père, cette femme, ces jeunes filles, dont la vie se jouait; on se représente les regards de l’un à l’autre, les confidences silencieuses, les signes échangés, les encouragements muets adressés à ceux qui montaient vers le juge, les interrogations anxieuses à ceux qui revenaienf, et aussi le dé-