Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 243
sordre de cette maison transformée en bivouac, les grandes salles qu'éclairent mal des bougies placées çà et là, les tables encombrées de brocs de cidre, de pain, de pommes, de bouteilles de vin, car il fallut bien nourrir la garnison ; et, vers l’aube, les gendarmes assoupis sur les fauteuils du salon, aux marches de l'escalier, sur les vieux bancs de l’âtre dans la cuisine, et, continuellement, dans les coups de silence qui pèsent sur la maison, le bruit assourdi des interrogatoires et les éclats de voix de Lalligand qui jure, tempête, menace. Îl s'est promis de ne pas quitter la place avant d’avoir tout appris, et, sans souci de l'heure, il continue toute la nuit son enquête.
C’est maintenant la Chauvinais qu’on interroge : il ne veut rien dire, prétend ne rien savoir, n'avoir rien vu: il ne s’est même pas aperçu de la visite des médecins; il ignore si quelqu'un a été malade : au bout d'une heure on le renvoie, et le valet de chambre Henry Robin lui succède : celuiei dépose avoir servi à la table des maîtres un
inconnu qui y mangea quelquefois : il lui a porté
aussi, à deux reprises, des bouillons lorsqu'il
était au lit; il ne sait ce que cet homme est
devenu.
Puis vient le tour des autres domestiques, Julien
David, Michèle Tarlet, Françoise Gicquel : tous
gardent souvenir du séjour de l'étranger, mais ils