Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA FOSSE-HINGANT 261

jours chez son beau-frère, afin de discuter avec lui les obligations qu'imposait aux chefs de la conjuration bretonne la mort du marquis de la Rouërie. Au milieu de cette famille unie et sans méfiance, vivait Chévetel, que son dévouement apparent et ses continuelles protestations d'amitié avaient rendu le conseiller écouté, le confident obligé de tous les projets.

Le 2 mars, en revenant de Saint-Servan, où il avait donné à Lalligand ses derniers ordres, Chévetel trouva les habitants de la Fosse-Hingant très émus ; ils venaient de recevoir secrètement l'avis qu’au cours de la nuit suivante une perquisition devait avoir lieu au château. Les filles de Desilles suppliaient leur père de s'éloigner; lui seul, en somme, était compromis et pouvait courir quelque danger. Chévetel « rassura tout le monde et traila ces craintes de chimériques, ajoutant que luimême allait souper très tranquillement et passer la nuit à la Fosse-Hingant! ». Son calme rendit aux jeunes femmes un peu de sang-froid, et la soirée fut tranquille ; mais, à peine Chévetel était-il retiré dans sa chambre qu’un « nouvel émissaire vint prévenir les dames Desilles que le détachement

1. Note écrite en 1812 par un membre de la famille Desilles. Voir aussi Journal de Rennes, 1841. Nous avons déjà fait remarquer que cette étude avait été rédigée sous l'inspiration des survivants de la famille Desilles pour réfuter le récit, par trop fantaisiste, de Fr. Soulié, dans son roman de Saturnin Fichet.