Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

262 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

chargé de la perquisition avait quitté Saint-Malo en même temps que lui et qu'il n'avait d'autre avance que celle que peut prendre un homme pressé sur un corps militaire en marche.» M°"° de Virel, qui reçut l’avis, le transmit immédiatement à son père, et Desilles, cédant à regret aux sollicitations de sa femme et de ses filles, alla demander asile à son ami, M. de Chetfontaine, au château de la Ville-Bague, voisin de la côte; on pouvait là, en cas d'alerte, monter dans quelque barque amarrée au havre de Rotheneuf et gagner rapidement le large.

Ainsi rassurée sur le sort de son père, M"° de Virel pensa à prévenir également Chévetel : celuici dormait d'un sommeil paisible ; réveillé, mis au courant de la fuite de Desilles, « il s’en montra excessivement contrarié », affirmant que personne à la Fosse-Hingant ne courait le moindre danger et que la perquisition, si elle avait lieu, ne serait qu'une formalité sans conséquence, puisque la famille Desilles et lui-même connaissaient seuls l'endroit où avaient été enfermés les papiers de la Rouërie.

— Où donc s’est réfugié Desilles? interrogeat-il. — Je l’ignore, répondit M°° de Virel.

— Ah ! Madame, qu’avez-vous fait? Vous perdez votre père et moi; je l'aurais sauvé, j'en