Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA FOSSE-HINGANT 263

suis sûr! pour ma part je ne vous quitterai pas!.

M de Virel, interdite, émue de tant d'énergie

et de dévouement, se retira les larmes aux yeux,

renonçant à vaincre l’obstination de cet héroïque ami.

A la pointe du jour, Lalligand se présenta au château : il était accompagné de François Chartier, juge de paix du canton de Cancale, de l'inévitable Burthe et d’un détachement de cent hommes, sous le commandement du lieutenant Cadenne, qui plaça des postes à toutes les issues ?. Lalligand commença par visiter la maison et ses dépendances, mit toutes les personnes présentes en état d’arrestation et les consigna dans le chàteau, sous la surveillance des gendarmes. Chévetel, arrêté comme les autres, fut enfermé dans la même chambre que M°° Desilles, tandis que son compère parcourait les bosquets du jardin et les cours de la ferme, prenant ses dispositions. M"° de Virel se désespérait : non point tant sur son sort que sur celui de Chévetel: profitant d'un moment où la surveillance de ses gardiens se relâchait, elle prit, dans un secrétaire, deux cents louis d’or qu'elle réussit à lui faire parvenir dans la chambre où il était détenu, l’assurant que lui seul était

1. Journal de Rennes, 1841. 2. Procès-verbal de Francois Chartier, juge de paix du canton de Cancale. — Archives nationales, W, 274.