Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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les dirait », assurant que, pour elle, « Ze mot de Rouërie était un mot latin et prétendant que, quand elle avait vu les commissaires retirer de terre un bocal de verre jaune, elle était si bien ignorante des papiers qu'il pouvait contenir qu'elle avait cru que c'était un pot de miel de Narbonne t ».

Un incident imprévu termina cette longue enquête : au moment où Lalligand venait d’interro-ger Picotde Limoëlan qui, ayant habilement éludé les questions embarrassantes, pouvait se croire hors de cause, un domestique se présenta à la porte de la Fosse-Hingant et fut immédiatement appréhendé par les soldats qui l'’amenèrent à Lalligand. C'était un des serviteurs de Limoëlan : il venait du château de Sévignac et apportait au prévenu une lettre de sa fille aînée.

Lalligand prit la lettre, l'ouvrit, elle était conçue en ces lermes:

Comment, déjà une lettre de ma fille ! — Oui, mon cher papa, je ne puis résister au désir de vous demander de vos nouvelles. D'ailleurs, j'ai tout plein de choses à vous dire : nous avons su hier qu'à la Fosse-Hingant tous les domestiques savent la mort de notre ami? et quel est son fils et où il est. Il faut que cela soit tenu bien peu secret puisque Saint-Jean * n'y a été qu'un

1. Archives nationales, W, 274. ç

2, Le marquis de la Rouërie.

3. Domestique de Limoëlan, qui servait de courrier entre Sévignac et la Fosse-Hingant.