Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA FOSSE-HINGANT 273

demi-jour, et cela a suffi pour qu'il en fût instruit. Il n'en a parlé qu'à nos femmes de chambre, dont nous sommes sûres comme de nous-mêmes... Nous voudrions, papa, que vous lui en parliez ! ; mais faites-le comme de vous-même, disant que vous pensez bien qu'il aura su dans la maison où vous êtes la naissance du jeune homme ?, la mort, etc. c’est le seul moyen de réparer le mal que peut faire le babil de mes cousines 8... Voyez si la maison que vous habitez en ce moment n'est pas le temple de l'indiscrétion; vraiment j'enrage, je suis d'une colère contre mes cousines.

Ce billet est joint au dossier : il est resté tel que l’envoya la jeune fille, avec ses plis, ses caractères menus et élégants, son petit cachet de cire que viola la main brutale de l’espion ; et, parmi ce sinistre fatras de paperasses, celle-ci arrôte et attriste : cette gentille lettre enjouée, ce conseil affectueux, adressé par une enfant dont on devine l'inquiétude sous le badinage du style, ces quelques lignes écrites sans méfiance. c'était pour le père l'échafaud ; et l’on pense au regard terrifié que le malheureux, tandis que Lalligand lisait, dut attacher à ce papier qui lui venait de ses filles et qui l’envoyait à la mort...

Avant de quitter la Fosse-Hingant, Lalligand fit

1. À Saint-Jean. 2. Le fils naturel de la Rouërie. 3. Mrs de Virel, d’Allerac et de la Fonchais.

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