Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

274 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

fouiller, d'après les indications de Chévetel!, un petit cabinet où, sous une lourde commode, s'ouvrait une trappe conduisant à une sorte de caveau : on découvrit, dans cette cachette, une grande quantité d’argenterie, qui fut mise dans un sac scellé? ; cette opération terminée, l’espion prit ses dispositions de départ. Laissant au château M°° Desilles, trop malade d'esprit pour qu'on pût espérer la convaincre de complicité avec les conspirateurs, il fit monter sur une même charrette Delaunay, Thomazeau, Groult de la Motte, Picot de Limoëlan et ses trois nièces, M‘ de Virel, d’Allerac et de la Fonchais, et, sous l’escorte d’un peloton de gendarmes, on prit la route de Saint-Malo.

Les pauvres femmes pleurèrent, dit-on, en entendant se refermer derrière elles la porte de cette propriélé où s'était passée leur enfance : elles durent longtemps fixer des yeux letoit de cette maison où elles laissaient leur mère, seule, l'esprit égaré, sans assistance ; enfin, à la desceute de la Toutenais, un vallonnement de la route leur cacha le groupe de vieux arbres, pleins de guis, dont s’en-

4. « Chévetel, resté avec une partie des hommes de l'escorte qui étaient censés le garder, en profita pour leur indiquer, dans la serre, le lieu où avait été cachée la caisse qui contenait les fonds de l'association et l’argenterie de la famille Desilles. Ils partagèrent tout cela. Chévetel s’en adjugea la plus grande partie, et la République n'en retira qu'un mince profit. >» — Journal de Rennes, 1841.

2. Archives nalionales, W, 214.