Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

216 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Mais, dans la terreur que lui inspirait le sentiment confus de son ignominie, il se voyait partout en butte au poignard de quelque justicier : il n’osait rentrer à Paris où se trouvaient Fontevicux et Pontavice : il fallait que ces deux hommes disparussent : il vivait dans l'angoisse de les voir, tout à coup, se dresser devant lui et lui demander compte de sa trahison.

Déjà il avait pressé Lalligand, — il ne se mettait jamais en scène, — de dénoncer au Ministre les deux aides de camp du marquis : il avait spécifié que Fontevieux, caché sous le nom de /e Petit, habitait à Paris, place de la Révolution, chez le citoyen Gogi ; que Pontavice logeait avec sa femme rue du Parc-Royal, à l'hôtel d'Orléans, tenu par un nommé Filhastre!:; mais, tant que les deux jeunes gens ne seraient pas sous les verrous, il refusait de s’aventurer dans Paris. Lalligand écrivait :

Mon collègue est perpétuellement en danger. Je vous le répète, si son nom est articulé avec le mien, il est infailliblement perdu. Le parti ennemi de la chose publique est mieux servi que nous ?.

Et le Ministre, estimant précieux les jours d'un tel auxiliaire, mandait à Sicard.

1. Archives nationales, W, 274. 9 Lettre du 5 mars 1193. — Archives du Déparlement des Affaires étrangères, 1410.