Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA FOSSE-HINGANT 219

S'il n'y prend garde, il laissera ses os en Bretagne; je tiendrai bon si vous me soutenez... si vous me lâchez, je suis f....

L'étrange agent du Comité de Sûreté générale cherchait, d’ailleurs, à duper tout le monde : cette inquiétude de se voir enlever ses prisonniers n'était pas plus sincère que le reste : la feinte appréhension de ce danger imaginaire devait lui servir d’excuse dans le cas où les dames Desilles se décideraient enfin à racheter leur liberté. Comme elles semblaient n'y point songer, Lalligand se vit dans l'obligation de préciser sa combinaison.

On devait quitter Saint-Malo le 12 mars: Lalligand prit soin de ne commander qu'une très faible escorte: au moment du départ, s’approchant de M°° de Virel, il lui montra la sacoche contenant les papiers saisis à la Fosse-Hingant :

« — Mon cabriolet, dit-il?, précédera le convoi : J'y vais prendre place avec Burthe : il est peureux comme un lièvre ; embusquez sur le chemin deux hommes déterminés, et, au premier coup de pistolet, — je réponds de lui, — il se sauvera de toute la vitesse de ses jambes: resté seul, je me laisse-

4. Lalligand-Morillon à Ysabeau, 9 mars 1743. — Archives du Déparlement des Affaires étrangères, A0.

2. Nous citons les paroles de Lalligand telles qu’elles ont été rapportées par les dames Desilles. Voir Journal de Rennes, 1841; et Note écrile en 1812 par un membre de la famille Desilles.