Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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282 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

de cette nouvelle arrestation, il en parla trop et trop haut dans ce milieu de comparses el de gens tarés qui s’agitaient autour des administrateurs du département et du député Sevestre, que la Convention avait envoyé en Bretagne avec mission d’enrayer le mouvement contre-révolutionnaire. Un assidu de cet entourage interlope était Sicard, avec lequel Lalligand, naïf au fond, entretenait des relations cordiales : Sicard témoignait au héros de la Fosse-Hingant une admiration sans bornes, ce qui rendait l’autre bavard: très häbleur, à mille lieues de se douter qu’il pouvait être l’objet d’une surveillance quelconque, Lalligand ne dédaignait .pas d'admettre Sicard à l'honneur de ses confidences, et celui-ci conçut aussitôt le projet de lui souffler sa prisonnière.

IL instruisit secrètement Sevestre de la nature de sa mission et obtint facilement un réquisitoire pour la municipalité de Fougères où habitait M'° de Moëlien. Le 25 mars !, il se présente chez elle, la met en arrestation, fouille, sans rien découvrir, toute la maison et, le soir même, réprend, « avec la Nymphe », la route de Rennes. Le 26, à six heures du matin, elle était écrouée à la Tour-le-Bat, avant même que Lalligand eût vent de l'incident.

1. Archives nationales, W, 274.