Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

286 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

pris les armes, et les commissaires du département s'étaient mis à la tèle des gardes nationales de la ville pour repousser les &rigands : c'est sous ce nom que, dès le premier jour, on désigna les paysans révoltés ; — mais leur soulèvement rendait difficile le transport à Paris des détenus de la Tour-le-Bat. On devait traverser avec eux un pays en révolte, et l’on pouvait craindre que le convoi ne füt attaqué. Personne ne voulait assumer une si lourde responsabilité : le général la Bourdonnaye, auquel Lalligand avait demandé des troupes répondit sèchement qu'il.n’avait pas un homme disponible !, Les avis, du reste, étaient partagés : tout le monde commandait à Rennes, et, pour la mesure la plus simple, il fallait consulter les conventionnels en mission, la municipalité, les représentants du pouvoir exécutif, les membres du directoire et le commandant de la force armée : dans ce désarroi général, la véritable autorité restait à Sicard, le policier silencieux, l’espion imperturbable, qui tenait les fils de tous ces pantins et, à coups de dénonciations, les faisait agir

1. Réponse du général Bourdonnaye à un arrêté du département d'Ille-et-Vilaine qui lui donne communication d'une réquisition du commissaire du pouvoir exécutif Morillon, en date du 28 mars : « Il ne m'est encore arrivé de la réquisition que cinq cents hommes, dont deux cents sont partis ce matin: les trois cents autres partent après demain. Il ne m'est pas possible de donner une escorte suffisante dans ce moment. » — Archives du déparlement des Affaires étrangères, 1310.