Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

UN GENTILHOMME D'AUTREFOIS 31

d'un conseiller au parlement de Bretagne. Thérèse, privée de fortune, avait renoncé au mariage : on prétendait qu'elle était la maîtresse de la Rouërie, et, pour la laver de cette accusation, les historiens ont assuré que M°° de Moëlien était sans beauté. C’est une erreur: tous les témoins oculaires s’accordent, au contraire, à vanter les charmes de son visage et l'élégance de sa démarche!. — «Je vis, dit Chateaubriand, cette comtesse de Trojoliff?, qui, cousine et intime amie du marquis de la Rouërie, fut mêlée à sa conspiration. Je n'avais encore vu la beauté qu'au milieu de ma famille : je restai confondu en l'apercevant sur le visage d'une femme étrangère*. » Il ne faut donc pas la montrer laide dans l'intérêt de sa vertu, qui n'y gagnerait rien. Qu'elle ait eu, ou non,le marquis pour amant, la chose importe si peu à notre récit que nous ne nous y arrêterons pas : il suffit de dire que Thérèse mit contre elle toutes les apparences; passant la plus grande partie de l’année au château de la Rouërie, que n’habitait aucune autre femme, sortant à cheval en compagnie de son cousin, l’accompagnant dans ses voyages et passant pour lui être entièrement dévouée. De fait, dès

1. Voir à ce sujet, outre ce que dit Chateaubriand, les rapports de Sicard (p.283) et les souvenirs de Louis de Saint-Aulaire (p. 169).

2. Chateaubriand écrit, par erreur, Tronjoli, faisant confusion

avec un nom très connu en Bretagne. 3. Mémoires d'outre-lombe.