Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

42 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Longtemps avant la Révolution, le comte de Noyan avait, pendant quelques années, séjourné à Paris : atteint d’un asthme obstiné, auquel les médecins n'avaient apporté aucun soulagement, il s'était confié à Mesmer, qui l'avait initié aux secrets du magnétisme : la cure réussit, et le comte devint l’un des plus fervents adeptes de la science nouvelle. À son retour en Bretagne, il fint baquet à la Mancellière: il recherchait avec soin, pour les attacher à sa personne, les individus doués des qualités requises, et il se faisait magnéliser tous les matins. Il s’occupait aussi de métaphysique et avait fait construire au bout de son jardin un pavillon pour y loger un jeune savant, qu'il employait à traduire Plotin, Porphire et autres philosophes néo-platoniciens. Outre ce métaphysicien à gages, le personnel de la Mancellière se composait de Clavet,le médium ordinaire, et d'un intendant nommé Leroy, qui avait épousé une ancienne femme de chambre de M”*° de Noyan.

Monsieur Leroy exerçait sur son maitre une véritable fascination, dont il était impossible d'expliquer la cause : c'était un homme prétentieux et de manières communes : il ne comprenait pas la moitié des mots qu'il employait, et il brouillait de la façon la plus étrange les notions historiques dont il aimait à faire parade: il élait, en outre, irritable et processif, et il aurait aliéné à