Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA CONJURATION BRETONNE 43

M. de Noyan tous ses voisins si quelqu'un eût pensé à le prendre au sérieux. M®° Leroy était très vulgaire de tournure et de visage : elle avait un petit garçon que le comte soignait avec une affection paternelle !. Le mari et la femme mangeaient à la table du maître, faisaient les honneurs de la maison et y étaient tout-puissants. L’habitude de vivre avec des subalternes avait peu à peu rendu intolérablele caractère de M. de Noyan: ilne supportait plus la moindre contradiction, et toute résistance à sa volonté lui paraissait une offense. Ses deux filles, mariées, l'une au comte de Kersalaün, l’autre au comte de Sainte-Aulaire, avaient renoncé à venir chez leur père, qui, avec une sensibilité très vive, une loyauté chevaleresque, manquait souvent d'équité et devenait chaque jour plus irascible ?.

Cette esquisse du châtelain de la Mancellière, suffit à faire comprendre la sorte de prestige que le vieux gentilhomme exerçait sur le marquis de la Rouërie. Leurs deux natures avaient de grands points de ressemblance : même dédain des préjugés, même singularité de conduite, même irritabilité, mêmes utopies. Le parallèle pourrait

1. Cet enfant devint un médecin distingué et s'établit à Etioles. C’est lui, dit-on, qu'Alphonse Daudet a mis en scène dans Jack sous le nom du D° Rivals.

2. Portrails de famille, par le comte de Sainte-Aulaire.