Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

50 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

tait seulement du trop de facilité qu'on aurait à vaincre la Révolution; on eût souhaité plus de résislance.

Comme il était pourtant de bonne politique de ne décourager personne, la Rouërie fut bien accueilli, I y avait là cent soixante gentilshommes bretons ! qui l’acclamèrent. Mais le comte d'Artois n'était pas à Coblentz, et le marquis dut l’aller chercher jusqu'à Ulm, où il parvint dans les premiers jours de juin. Le prince connaissait quelque peu l'ancien officier aux Gardes et s’était montré jadis plein d'indulgence pour les désordres de sa conduite *?; il le reçut, écouta son projet, l’approuva fort et conclut par ces mots qui terminaient tous ses entretiens:

« — Voyez Calonne. »

La Rouërie espérait plus : il fit valoir que, abandonné à lui-même dans les régions de l'Ouest, complètement isolé de l’armée des émigrés et sans moyens rapides de communiquer avec elle, il ne pouvait avoir d'action sur les royalistes de sa province que s’il était investi d’une autorité indiscutable, ou, tout au moins, pourvu de l’autorisation d'agir au mieux des circonstances. Le

>

comte d'Artois consentait à déléguer tous les

1. Voir Souvenirs de l'Emigralion, par la marquise de Lage de Volude. 2. Récit de Chévetel.