Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA CONJURATION BRETONNE 51

pouvoirs qu'on lui demandait, à condition que la chose ne coûterait rien : il était sans argent et ne pouvait seconder pécuniairement l'insurrection bretonne. La Rouërie trouva un moyen terme et obtint une cédule conçue en termes assez vagues : le prince promettait, au nom du roi, son frère, des récompenses à tous ceux qui se montreraient zélés pour la bonne cause, tout en manifestant l'espoir qu'ils trouveraient eux-mêmes les fonds nécessaires à l’entreprise : il voulait bien s’engager avec eux pour tous les emprunts nécessaires ; mais sous réserve que les fonds recueillis seraient confiés à un trésorier comptable !. Le comte d’Ar-

4. Voici, d'ailleurs, les principaux passages de ces premiers pouvoirs délivrés au marquis de la Rouërie : « M. le comte d'Artois, informé qu'on a concu en Bretagne quelques inquiétudes sur les suites de l'association, déclare :

« 1° Qu'ilest fort éloigné de tous projets tendant au despotisme:

« 2° Que les secours qui lui sont accordés sont gratuits et qu'il n’est point à craindre que le rétablissement de l'ordre soit acheté par le démembrement d'aucune partie du royaume ;

«3° Un des premiers effets de la contre-révolution sera de réintésrer les provinces dans leurs droits et de leur rendre leurs États:

«4 Qu'on épargnera les voies de rigueur le plus qu'il sera possible : tous ceux qui, au moment de la publication du manifeste rentreront dans leurs devoirs de sujets fidèles seront à couvert de recherches sur leur conduite antérieure : les grands coupables seront jugés suivant les lois et formes judiciaires.

« M. le comte d'Artois, ayant satisfait par les déclarations cidessus aux questions qui lui ont été faites au nom de la province de Bretagne, va s'expliquer avec la même précision surles moyens proposés pour mettre les citoyens et les propriétés à l'abri des excès qu'une populace effrénée pourrait y commettre à l’arrivée des armées coalisées.

« Il demande que tous les fidèles s'associent et se groupent