Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

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et de l'Empire, a été de son vivant assez justement apprécié, mais assez mal connu. Sous la république, on croyait saisir partout, en foute circonstance, la trace de ce dangereux conspirateur, et plus tard Napoléon le nommait dès qu'il daignait s'inquiéter de ceux qui n'avaient pas fléchi devant lui. Ses papiers, s'il était possible de les réunir dans leur intégrité, lèveraient tous les voiles de sa vie; mais beaucoup ont été détruits par lui de son vivant, d’autres ont été après sa mort mis au pillage par des curieux, dispersés par un héritier négligent ou épurés par des mains intéressées à les détruire. Ses brochures, publiées en divers pays, sont pour la plupart anonymes et quelques-unes fort rares ou introuvables. Ses correspondances eussent rempli une bibliothèque; à notre ministère des Affaires étrangères, bien que toutes les séries complètes aient disparu, à deux exceptions près, elles n’en remplissent pas moins dix-sept volumes. Les lettres ou mémoires qu'il a répandus pendant vingt ans à travers l'Europe dorment aux archives de Moscou, de Pétersbourg, de Vienne, au Record Office et au British Museum de Londres. Nos Archives nationales conservent le fameux portefeuille enlevé en Italie, et la bibliothèque de Dijon quelques dossiers de famille dont le fils de d'Antraigues était resté en possession.

Nous ne nous flattons pas d'avoir tout découvert, et l’on retrouvera probablement encore beaucoup de lettres, peut-être d'ouvrages dus à cette plume intarissable. Ceux que nous. avons réunis forment déjà un ensemble considérable et difficile à interpréter, à cause