Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

APPENDICE. 421

tout tend à rendre Bonaparte empereur d'Occident et le tyran effroyable alors de toute la France. Mais, si en ceci mon observation a êlé exacte, mon influence non seulement a élé nulle, mais ma conduite a dû être de la pius extrême circonspeclion.

L'électeur d’Aschaffenbourg écrivait, il y a quinze jours, à Talleyrand, ces propres mots que je copie sur la lettre autographe :

« Après la conduite des Autrichiens pendant la querre et plus encore à la paix, après la honteuse avidité et l’insigne duplicité des gens du roi de Prusse à l'égard de la noblesse et des villes immédiates, après la conduite de l’empereur de Russie à la paix et après la paix et la complète nullité de ses promesses et de son minisière, nous reste-t-il une autre ressource que de former une association germanique uniquement appuyée à Bonaparte et étrangère à la Prusse et à l'Autriche? Ces deux cours, n’ayant jamais pu être convaincues de leur propre intérêt par aucun moyen, ne méritentelles pas un pareil sort, et ma franchise ouverte n’est-elle pas Le meilleur garant de ma bonne foi?

« Le temps n'est-il pas venu de se parler clair, de n'être plus la dupe des formes jusqu'ici sacrifices par ceux qui en tirent Le plus grand avantage ? »

C'est par ces moyens, mon cher Monsieur, avec cette franchise, que l'électeur d'Aschaffenbourg est parvenu à être cru, élant regardé comme le meilleur ami dévoué de Bonaparte. Talleyrand et Durant lui-même le trompent en partie, car ils veulent produire : 1° un asservissement complet, et 2° ne consentir à aucune neutralité, mais les forcer d'agir dès qu’il agira, soit en effectif, soit par des contributions pécuniaires.

L'électeur d’Aschaffenbourg les a-t-il devinés? Je l'ignore complètement, mais Talleyrand compte de l'électeur de la brouillerie réelle entre la Bavière, l'empereur d'Allemagne et Berlin, des troubles du Wurtemberg et de la démence atroce de son chef pour détacher ces pays tout à fait de

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