Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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à rendre le tronc plus vigoureux, les fruits plus abondants et plus salutaires. Vous avez, dis-je, beaucoup fait alors pour l’ordre public; mais votre ouvrage serait imparfait encore, mais il demeurerait mal affermi, si vous ne le couronniez par une loi infiniment juste et désirable, si en affranchissant les ecclésiastiques d’un célibat forcé, vous ne les rendiez entièrement à la patrie.

Je réclame donc pour les prêtres de France, pour les religieux de tout sexe et de tout ordre, la faculté qui appartient à tout citoyen de pouvoir se lier par le nœud respectable et sacré du mariage. J’espère, Messieurs, que ma demande trouvera quelque faveur auprès de vous, quand je vous aurai montré qu’elle ne renferme rien que vous ne puissiez accorder, rien que vous ne deviez accorder, rien qui ne soit à la fois licite en soi-même, important par son objet et ses conséquences, nécessaire dans les circonstances où nous nous trouvons.

Quand je dis, Messieurs, qu’il n’est rien dans ma demande sur la liberté du mariage en faveur des prêtres que vous ne puissiez accorder, je ne prétends point partir pour cela de toute la hauteur de vos pouvoirs et vous montrer à vous-mêmes munis de cette suprême autorité dont vous avez déjà déployé l’usage. De quoi s’agit-il ici ? D’un simple objet de discipline ecclésiastique, de discipline extérieure, mais objet lié au régime civil et qui tient par là à des intérêts vraiment nationaux.