Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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que étaient mariés, le pape voulait les forcer de renvoyer leurs femmes, la résistance devint universelle, et ne fut vaincue que peu à peu à l’aide du dérèglement qui remplaça de nouveau l’honnête lien du mariage.

Nous tirons le rideau sur l’histoire de l'Eglise depuis cette époque, sur les pernicieux effets du célibat pendant plusieurs siècles, où l’usage des concubines devint publie et parut nécessaire. Nous ne rapporterons à cet égard qu'un fait remarquable cité par Nicolas de Clémangis: il assure qu’en plusieurs pays, les peuples ne voulaient recevoir aucun prêtre célibataire, à moins qu’il n’eût une concubine, comme le seul moyen de mettre l’honneur de leur famille en sûreté.

C’est à travers cet abîme de désordres que nous arrivons au milieu du XVIe siècle, qui consacra le célibat apostolique, mais à ce fameux concile de Trente dont l'Eglise gallicane n’adopta point les règlements de discipline, le mariage des prêtres fut fortement réclamé par l’empereur Ferdinand, le duc de Bavière, le roi de France même etle cardinal de Lorraine, comme il l'avait été auparavant dans le concile de Constance par l’empereur Sigismond et le célèbre cardinal Zabarelle, comme il l'avait été par le fameux Ænéas Sylvius, qui devint pape sous le nom de Pie IT et dont on connaît cette joyeuse remarque : « Plusieurs prêtres, dit-il, se sauveraient dans le mariage qui se damnent dans le célibat. »