Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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Ce ne fut que sur la fin du XIE siècle, sous le pontificat de Grégoire VII, que toutes les rigueurs du célibat furent imposées aux prêtres. Or quel siècle! et quel pontifice! D’un côté, une si profonde ignorance, un nuage si épais et si répandu d'erreurs et de superstitions; de l’autre, un homme si subtil, si ambitieux, si entreprenant, que les peuples semblaient faits pour un tel pontife, le pontife pour de tels peuples et tous ensemble semblaient conjurer de concert contre le bon sens, la religion et la nature; voilà l’époque où le célibat des prêtres à été principalement admis et consacré.

Vous n’ignorez pas, Messieurs, dans quelles vues. Vous savez que Grégoire VIT, cet ambitieux vicaire de l’'humble Jésus, dont le règne n’est pas de ce monde, n’aspirait rien moins qu’à la domination universelle. I1 lui fallait pour cet effet dans tous les pays une milice dévouée, qui fût à ses ordres et ne dépendît que de lui; il fallait par là même que cette milice ecclésiastique n’eût ni patrie ni attachement. La loi du célibat entra donc dans son vaste projet, comme un point de tactique élémentaire ; il ne voulait détacher les prêtres du monde que pour y régner par eux en souverain.

T'elle est la politique qui engagea ce pontife à convoquer coup sur coup les conciles de Rome, d’Erfurt, de Mayence, et toujours pour soumettre les prêtres rebelles de toute l’Europe à la loi dure et impérieuse du célibat. Un grand nombre d’évêques à cette épo-