Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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prit des prêtres? C’est précisément quand la religion commença à s’altérer et à se corrompre; c’est quand les têtes commencèrent à se remplir de visions et que l’hérésie infecta l’Eglise. Alors des idées subtiles et chimériques, de fausses vues de perfection, prirent la place des notions simples et vraies, des pratiques sages et raisonnables de la religion primitive. On vit cette opinion du célibat, tantôt se mêler dans des esprits exaltés avec l’opinion de la fin prochaine dû monde, avec des idées d'abandon de toutes choses, de renoncement à l’union; tantôt servir de prétexte à la licence, s’allier avec des mœurs effrénées, une conduite scandaleuse. Cette pratique ne reposa pendant des siècles que sur des opinions individuelles sans autorité, tellement que dans les Canons apostoliques qui renferment la discipline des trois premiers siècles de l’Eglise, il y est défendu à tout évêque, prêtre ou diacre de se séparer de sa femme, sous prétexte de piété.

Au commencement du IVe siècle, le concile d’Ancyre défendit le mariage aux prêtres après leur ordination, mais il admit les prêtres dans les ordres quoique mariés; c’est la première atteinte portée avec quelque solennité à la pleine liberté des mariages apostoliques. Sur la fin du même siècle, Sirice, pontife de Rome, essaya de serrer plus étroitement, dans une décrétale, le joug du célibat, mais Sirice était seul, aucun concile ne seconda de longtemps sa po-

litique et nulle règle ne fut constamment suivie à cet égard.