Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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devez aux mœurs, à la vertu, dont vous êtes les premiers protecteurs; vous le devez enfin à vous-mêmes. Vous remplirez, Messieurs, nous n’en doutons point, tous ces devoirs qui vous pressent à la fois. La sainte institution du mariage se présente à vous comme un remède aux maux qui existent, comme un préservatif contre ceux qu’on doit redouter, et la société doit ouvrir par vos mains à ces hommes nouveaux que vous lui rendez un abri contre les passions qui pourraient troubler les familles, qui déshonoreraient la religion et décrieraient votre ouvrage.

Voilà, Messieurs, pour les mœurs, pour l’honnêteté publique ; mais caleulez, je vous prie, tous les autres biens que vous produirez en supprimant le célibat forcé des prêtres.

Est-ce donc une chose indifférente pour un état qu’une nouvelle source de population ? Est-il indifférent pour lui que trente mille citoyens soient mariés ou ne le soient pas; que trente mille femmes trouvent un établissement honnête; que trente mille familles naissent et se propagent ? Est-il indifférent au royaume que cette nouvelle population prenne naissance dans un état consacré à l’honnêteté, loin de la richesse et de l’indigence, dans cette médiocrité où se trouve la sève et la vigueur du genre humain ? C’est là que l’éducation, secondée du bon exemple, doit être la plus saine, la plus morale. C’est là que doit se préparer, loin des villes surtout et dans les campagnes, une génération meilleure, un nouveau