Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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le dernier obstacle qui les empêche de s’unir à elle par toute espèce de liens honnêtes et légitimes. Représentez-vous des milliers de religieux sortis en peu de temps des cloîtres et répandus soudain dans le monde. Je ne veux point être ici l’écho des rigides censeurs des mœurs monastiques (la malignité peut avoir outré les peintures); je ne parlerai même pas du long effet de la solitude et de l’abstinence pour enflammer l’imagination, ni de ces passions d’autant plus ardentes qu’elles ont été longtemps contenues ; je vous représenterai seulement des milliers de célibataires rendus tout à coup à la société, frappés de mille objets nouveaux, en proie à mille tentations qu'ils n’ont point été appelés à combattre. N’est-il pas à craindre que, sans armes contre tant de séductions, un grand nombre n’y cède au détriment des mœurs publiques ? N’est-il pas à craindre qu’on ne voie peut-être paraître au grand jour plus de désordres éclatants que la malice même n’en à peint de cachés dans le fond des cloîtres ?

C’est à vous, Messieurs, à prévenir ces désordres. Les religieux ne vous demandaient pas de les arracher à leurs retraites ; ils ne vous demandaient pas de frapper leurs sens d’attraits inconnus, de les environner de tentations, de piéges. Vous l’avez fait par des raisons supérieures; mais vous devez garantir ceux que vous avez exposés sans leur aveu. Vous le devez à eux; vous le devez à la société à qui vous n’avez pas voulu faire un présent funeste; vous le