Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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gieux liés par des règles qui n'étaient pas les vôtres, emprisonnés dans des tombeaux creusés par des mains étrangères.

Cette assemblée voit déjà l’intime rapport qui existe entre les vœux monastiques et le célibat des prêtres. Ce célibat n’est lui-même qu'un vœu; mais un vœu bien moins tolérable pour la société que les institutions monastiques, puisqu’enfin c’est dans les cloîtres que s’ensevelissent les maux attachés à la discipline barbare que l’on y observe; au lieu que c’est dans la société que se répand la contagion des mauvaises mœurs dont le célibat est une source.

Je dis donc que la libération des vœux monastiques ne doit être, dans vos principes et dans le plan de vos travaux, qu'un prélude à la libération du vœu célibataire auquel le même pouvoir despotique a soumis les prêtres. Vous avez ouvert ces portes, brisé ces murs qui recélaient tant de victimes de leur propre témérité et d’une institution anti-sociale; mais vous ne les avez pas entièrement rendues à la société et à elles-mêmes. Faites tomber ces liens de l'esprit, ces chaînes de l'opinion, cette servitude morale qui isole dans la société ceux que vous y avez appelés et qui sont encore plus étrangers à l’ordre social par les rapports qui leur manquent qu’ils ne lui appartiennent par la liberté qu’ils ont acquise.

Je vais plus loin, Messieurs, et je soutiens que ce serait aux dépens de l’ordre public que les religieux seraient rentrés dans la société, si vous ne leviez pas