Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

— 139 —

tous réprouvé comme un symptôme et une source de corruption, comme un signe de décadence des mœurs sociales, l'Eglise peut-elle le consacrer comme un état d'excellence et de sainteté ?

Ah! que les prêtres soient seulement parfaits comme les apôtres, comme saint Pierre, comme les premiers évêques, qu'ils deviennent comme eux maris d'une seule femme; c’est toute la perfection que le ciel et la terre leur demandent.

Mais les soucis temporels détourneront les prêtres des occupations spirituelles. Ne dirait-on pas que les prêtres d’aujourd’hui n’ont aucun souci temporel, qu'ils écartent, qu’ils dédaignent toute distraction mondaine et tout soin terrestre? Disons vrai, leurs soins, leurs distractions ne feront que changer d’objets; ces soins seront plus satisfaisants, plus édifiants, plus utiles. Les ecclésiastiques en deviendront plus laborieux ; le temps sera mieux ménagé et tous les devoirs seront remplis. Voulez-vous vous en convaincre ? Interrogez l'expérience : parcourez les Eglises étrangères, vous y verrez des pasteurs mariés partager sagement leur temps entre les fonctions de leur ministère et l'éducation de leur famille ; tout s’allie à merveille, rien ne souffre et leur vie est à la fois douce et bien remplie. Notre mollesse redouterait-elle donc un fardeau porté avec joie par des hommes sages et laborieux ?

J'entends objecter encore la modicité des pensions ecclésiastiques. Mais, Messieurs, n’aurez-vous pas