Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

MODE

Texte du Moniteur

mêmes à l'autorité de notre raison, et qu'après en avoir été esclaves, nous en soyons juges; peut-être est-il temps que nous sachions voir dans ces lois le génie d’un peuple qui n’a point connu les vrais principes de la législation civile, et qui a été plus occupé de dominer au dehors, que de faire régner l’égalité etle bonheur dans ses foyers; peut-être est-il temps que nous rejetions des lois où la servitude filiale découlait de l'esclavage, autorisé par ces lois mêmes; où un chef de famille pouvait, nonseulement déshériter tous ses enfants, maïs les vendre; où la crainte, repoussant les enfants du sein paternel, éteignait ces doux rapports, flétrissait ces tendres sentiments que la nature fait naître, et qui sont les premiers rudiments de la vertu.

Peut-être est-il temps que les Français ne soient pas plus les écoliers de Rome ancienne que de Rome moderne; qu'ils aient des lois civiles faites pour eux, comme ils ont des lois politiques qui leur sont propres; que tout se ressente dans leur législation des principes de la sagesse, non des préjugés de l'habitude; enfin, qu'ils donnent eux-mêmes l'exemple, et ne reçoivent la loi que de la raison et de la nature. Or, Messieurs, que nous dit cette nature dans la matière que nous discutons? Si elle a établi l’égalité d'homme à homme, à plus forte raison de frère à frère. Cette égalité entre les enfants

Brouillon de Reybar

tions elles-mêmes à l'autorité de notre raison, et qu'après en avoir été esclaves, nous en soyons juges. Peut-être est-il temps que nous sachions voir dans ces lois le génie d’un peuple qui n’a point connu les vrais principes de la législation civile et qui a été plus oceupé de dominer au dehors que de faire régner la liberté et l'égalité dans ses foyers. Peut-être est-il temps que nous rejetions des lois où la servitude filiale découlait de l’esclavage qui était autorisé par ces lois mêmes, où un chef de famille pouvait non-seulement déshériter arbitrairement sa famille entière, mais la vendre, où la crainte repoussant les fils du sein paternel éteignait ces doux rapports, flétrissait ces tendres sentiments que la nature établit, inspire et qui sont les premiers rudiments de la vertu.

Peut-être est-il temps que les Français ne soient pas plus les écoliers de Rome ancienne que de Rome moderne, qu'ils aient des lois civiles qui leur appartiennent comme ils ont des lois politiques qui leur sont propres; que tout se ressente dans leur législation des principes de la sagesse, non des préjugés de l’habitude ou des fantaisies de lautorité, enfin qu’ils donnent euxmêmes l’exemple et ne reçoivent de loi que de la nature. Or, Messieurs, que nous dit cette nature dans la matière que nous discutons ? Si elle a établi l'égalité

d'homme à homme, à plus forte raison de frère à frère,et quand