Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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Texte du Moniteur

division des biens domestiques. Le concours de la loi et de l’opinion à détruit chez nous cette prépondérance générale, que les noms et les titres se sontarrogée trop longtemps ; il à fait disparaître ce pouvoir magique, qu'un certain arrangement de lettres alphabétiques exerçait jadis parmi nous : Ce respect, cetteadmiration pour des chimères, à fui devant la dignité de l’homme et du citoyen. Or, je ne sais rien de mieux, pour faire repousser des rejetons à cette vanité ensevelie, que de laisser subsister des usages testamentaires qui la favorisent, de cultiver en quelque sorte par les lois, ce fonds trop fertile d’inégalités dans les fortunes. Il n'y à plus d’aînés, plus de privilégiés dans la grande famille nationale : il n’en faut plus dans les petites familles qui la composent.

Ne voyez-vous pas quelle est la manie de ceux qui, nés sans fortune, sont parvenus, de manière ou d'autre, à s'enrichir? Enfés de cet avantage, ils prennent aussitôt un certain respect pour leur propre nom;ils ne veulent plus le faire passer à leurs descendants qu’escorté d’une fortune qui le recommande à la considération; ils se choisissent un héritier parmi leurs enfants ; ils le décorent par testament de tout ce qui peut soutenir la nouvelle existence qu’ils lui préparent; et leur orgueil-

Brouillon de Reybaz

riger par l’égale division des biens domestiques. Le concours de la loi et de l'opinion a détruit cette influence politique, civile et morale, que les noms et les titres ont usurpée trop longtemps parmi nous, Il a fait disparaître ce pouvoir magique qu'un certain arrangement de lettres alphabétiques exerçait sur les esprits faibles. Ce respect, cette admiration pour des chimères a fui devant la dignité de l'homme et du citoyen. Or, Messieurs, je ne sais rien de mieux pour faire repousser des rejetons à cette vanité ensevelie, que de laisser subsister des usages testamentaires qui la favorisent, de cultiver en quelque sorte par de telles lois, ce riche fonds d’inégalité dans les fortunes. Il n’y a plus d’aînés, plus de privilégiés dans la grande famille nationale, il n’en faut plus dans les petites familles qui la composent.

Ne voyez-vous pas quelle est la manie de ceux qui, de manière ou d'autre, sont parvenus à s’'enrichir ? Cette distinction en appelle une autre; ils prennent aussitôt un certain respect pour leur propre nom. Ils ne veulent plus le faire passer à leurs descendants que suivi d’une fortune qui le recommande à la considération. Ils se choisissent un héritier parmi leurs enfants ; ils le décorent par testament de tout ce qui peut soutenir le nouveau rang qu’ils lui destinent, et leur orgueilleuse imagination se peint

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